Bamako, le 20 juin 2025 – Sous la présidence de Son Excellence le Premier ministre du Mali, le Général Abdoulaye Maiga, le Réseau de l’Entreprise en Afrique de l’Ouest (REAO) a tenu sa rentrée annuelle du 20 au 21 juin 2025. Cette rencontre, axée sur le rôle des Caisses des Dépôts et Consignations dans le financement de l’économie, a rassemblé des personnalités clés du monde des affaires, du secteur privé et des acteurs institutionnels ; avec pour pays invités d’honneur : le Maroc et le Burkina Faso. L’intervention très attendue du Professeur Serge Auguste BAYALA, Directeur général de la Caisse des Dépôts et d’Investissements du Burkina Faso (CDI-BF), a mis en lumière le potentiel transformateur de ces institutions.
Un diagnostic des économies régionales
Le Professeur BAYALA a débuté son propos par un diagnostic clair des économies de la région, soulignant une triple contrainte structurelle : l’insuffisance de l’épargne mobilisée, la faiblesse de l’intermédiation financière, et une dépendance chronique aux financements extérieurs, souvent assortis de conditions.
La Caisse des Dépôts : Une réponse endogène et stratégique
Face à ce constat, le Professeur BAYALA a mis en évidence le besoin impérieux d’une volonté affirmée de souveraineté économique à travers des réponses endogènes et stratégiques. Ces dernières sont essentielles pour faire face aux besoins massifs d’investissements, en agissant sous un mandat d’intérêt général et en soutenant les politiques publiques de l’État et des collectivités territoriales.
Il est important de rappeler qu’une Caisse des Dépôts n’est pas un acteur financier comme les autres. Elle se situe à l’intersection du secteur public et de la sphère d’investissement stratégique. Sa vocation est de mobiliser l’épargne nationale, de prendre des risques à long terme et d’intervenir là où le marché est défaillant. Dans ce sens, la Caisse des Dépôts et Consignations du Mali, si elle est bien positionnée, pourrait devenir un levier structurant de résilience économique et de coopération régionale, complétant ainsi les banques de développement et les dispositifs de financement classiques.
Rôle potentiel de la CDC du Mali et perspectives régionales
Le rôle potentiel de la CDC du Mali serait donc de répondre aux défaillances du marché en investissant dans des domaines d’intérêt général tels que le logement social, les infrastructures, et le soutien aux PME. Elle pourrait également favoriser la mutualisation des risques avec les institutions financières existantes, créer des fonds sectoriels, des garanties publiques, et des véhicules de financement participatif. En somme, la CDC du Mali offrirait un financement à long terme et un soutien crucial à la résilience économique, constituant une opportunité historique de structuration financière régionale.
En termes de perspectives régionales, le Professeur BAYALA a suggéré la création d’une Plateforme régionale des Caisses des Dépôts de l’Alliance des États du Sahel (AES), avec pour missions :
- Co-financer des projets transfrontaliers (routes, énergies renouvelables, télécommunications, agriculture irriguée).
- Partager les risques d’investissement sur des filières stratégiques
- Créer des fonds conjoints de garantie pour faciliter l’accès au crédit des PME régionales.
- Mobiliser l’épargne régionale et diasporique
En résumé, la Caisse des Dépôts et Consignations du Mali, si elle est bien gouvernée et stratégiquement positionnée, peut devenir un levier structurant de transformation économique et de souveraineté. Dans une logique d’intégration régionale, elle pourrait s’affirmer comme un acteur de la souveraineté financière du Sahel. L’enjeu est désormais de lui donner les moyens légaux, financiers et techniques, et d’assumer collectivement cette ambition historique.
